Création d\'une truffière.

Création d\'une truffière.

La photo d'Adrien

 

Dans la famille, tout le monde connaît ou a déjà vu la photo d'Adrien.

Elle a longtemps été dans la salle à manger, nous sommes tous passés devant, ou l'avons eue face à nous, lors des repas de familles ou des apéritifs au salon, mais quels sont ceux d'entre nous qui  l'avons vraiment au moins regardée, sinon observée ?

Moi même, je dois avouer, je n'y prenais pas garde tant elle faisait partie du décor, de cet ensemble assez flou et général, que l'on voit autour de nous et qui constitue nos repères. D'ailleurs, la photo d'Adrien est sortie du décor, à été rangée, archivée, sans que je ne constate vraiment sa disparition.

Pourtant, il y a quelques jours, j'ai souhaité la revoir, la photo d'Adrien, et elle est alors réapparue sur le bureau de ma chambre.

Sur sa photo, Adrien a pris la pose, il est figé, le sourire aux lèvres, sous un soleil d'après midi ; il paraît tellement heureux qu'on pourrait croire à une blague, une bonne blague qui va traverser les années au point qu'elle reste indétectable aujourd'hui. Il jubile intérieurement Adrien, il a le visage sérieux, le corps perché sur un magnifique cheval à la robe élégante.  Lui aussi, il pose pour la postérité, tous les muscles tendus, les oreilles bien droites, le regard lointain.

Et puis, Adrien a son clairon à la main, en évidence, comme s'il tenait sa marque de fabrique et qu'il garantissait cet instant ; ce fameux clairon, il est toujours là, lui aussi, sur la cheminée ; avec le temps, il lui manque des pièces, il est tout cabossé le  vieux cuivre, mais il traverse les âges, les années, les siècles, et devient petit à petit, tout comme la photo, invisible et anonyme.

Alors j'ai décidé de les réveiller, Adrien et son clairon ; j'ai décidé de trouver l'endroit où la photo a été prise, l'endroit ou il a immortalisé cet instant, sur ce cheval, avec son clairon, et ce sabre courbé.

Au premier coup d'œil , on voit une esplanade, avec des bâtiments à droite du cavalier, et des arbres assez imposants. Bref, une photo assez banale. Puis, presque effacée par le temps, on découvre  une annotation en bas à gauche du cavalier, quasiment sous le museau du cheval,  posée au stylo  qui dit : "Bon souvenir de Lyon", avec une signature, et une année, soit 1904, soit 1906 ou 1909.

Avec ces  indices,  j'ai décidé de soumettre les caractéristiques du cavalier à Joël HURET, administrateur du forum  "Pages 14 18", afin de connaître les lieux de stationnement des Régiments de Cuirassiers, Dragons et autres Hussards sur la ville de Lyon.

La réponse fut claire, il y a bien eu à Lyon les 7ème et 10ème Régiment de Cuirassiers ainsi que le 2ème Régiment de Dragons, mais Adrien ne pouvait en faire partie, le sabre sur le cheval étant courbe, et ces Régiments ayant des sabres à lame droite.

Il n'y avait donc pas de solution !

Et bien si ;  elle m'est apparue un soir , sur la gauche du cavalier.Un détail m'a accroché l'œil, tout au bout du museau du cheval, on distingue difficilement des tours pointues. Peut être 2, peut être 3, mais bien des tours pointues, telles celles d'un château perdu derrière des arbres.

Internet et Google Earth m'ont bien aidé !

La caserne n'existe plus en tant que telle aujourd'hui mais l'endroit s'appelle depuis le milieu du 20ème siècle "Caserne Sergent BLANDAN" et est rattachée à la faculté de Lyon.

A l'époque de la photo, il s'agissait du Fort LAMOTHE, construit entre 1830 et 1850. Il protégeait, avec tout un réseau d'autres forts, la ville de Lyon. En voici l'entrée sur une photo d'époque.


 

Et le même endroit, le jour de ma visite.


La photo d'Adrien a  très certainement été prise dans la cour d'honneur, seul endroit aujourd'hui accessible. Il pourrait manquer toutefois cet aspect de relief, de profondeur qui caractérise la prise de vue générale.   



 

Ce n'est pas la seule piste, dans cet endroit immense. D'autres lieux peuvent être retenus et sont précisés en taches rouges sur la photo ci dessous :

 

Impossible de faire vraiment son choix. La caserne a changé en 100 ans, des bâtiments ont été construits, d'autres détruits, et les champs de vision ne sont plus les mêmes. La piste de la cour d'honneur reste toutefois la meilleure, l'endroit se prêtant plus à la prise de photos que tout autre. 


Une part du mystère s'est levé mais il reste bien des réponses en suspend.

Qu'allait- il faire à Lyon, Adrien ? S'est- il engagé ? Dans quel régiment ? et pourquoi cette photo sur un cheval ? S'avait il que la grande guerre allait arriver ?

 

 


 

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12/02/2011
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