Création d\'une truffière.

Au cours d'une discussion en famille, nous reparlions ensemble des années noires qu'avaient connues mes parents, ma famille,  au moment des évènements de la dernière guerre. Tous avaient alors une petite dizaine d'années et sont aujourd'hui les principaux témoins de cette époque

Nous évoquions la présence armée des Allemands dans le village, et à l'école où ils avaient établie leur QG.  Nous avions parlé de l'impression qu'ils leur avaient laissée pendant ces longs mois d'occupation, notamment lors des déplacements musclés, de jour comme de nuit à bord des tragiques « command car ». Les Allemands étaient alors tellement excités ou apeurés  qu'ils avaient fini par mettre le feu aux rues principales du village. Quel gâchis.

 Comme toute discussion, les sujets avaient défilés, les maquis, les miliciens, les collabos au point que même encore aujourd'hui, certains sujets  sont tus, encore trop sensibles.

 Pourtant le milicien qui est enterré en bas du pré, au Combaubous, dans le triangle que fait le bois,  l'avait bien été par les gens du village, peut être même nos grands parents. Egalement, La fille G. qui avait été exécutée dans sa chambre, un soir, puis sa mère la nuit suivante, l'avaient bien été par les gens du coin. D'ailleurs, il m'a avoué avoir revu, quelques jours  après, le vélo de la fille G. avec quelqu'un dessus. Il l'avait reconnu le cycliste, mais il n'avait jamais rien dit, encore moins aujourd'hui, 70 ans après. Il m'a simplement dit, qui, avait porté les corps des deux femmes au cimetière du village voisin pour qu'ils y soient enterrés.

 Toutes ces histoires, je les ai depuis bien longtemps dans mon esprit, car elles sont issues de la mémoire des générations précédentes avec lesquelles j'ai grandi. Les armes qui sont sous les clapiers, je sais qu'elles y sont, mon grand père me l'a souvent dit, mais je ne les ai jamais vues.  J'irai certainement les déterrer un jour, avant que tout soit pourri par la terre.

Mais l'histoire que j'ignorais, et que je n'aurais pas imaginée, c'est l'histoire du Curé du village d'à côté.

En face de chez lui se construisent des maisons individuelles. Lors de la réalisation des fondations de l'une d'entres elles, le conducteur de l'engin a signalé la présence d'un trou, comme une grotte profonde. L'exploration de ce trou, une fois le calme revenu,  a permis de remonter une vieille soutane autour de laquelle se trouvaient quelques ossements. 

Peu de personnes ont été mises au courant, mais certaines ont demandé à ce que le passé ne soit pas réveillé. La soutane a retrouvé le curé, et le trou a été refermé.

Puis, quelques mois plus tard, j'ai acheté un livre, que l'auteur, d'ailleurs m'a gentillement dédicacé. Dans ce livre, il est fait état des mêmes histoires noires de la région pendant l'occupation.L'auteur évoque entres autres histoires, la disparition soudaine du Curé du village voisin dans l'année 1943. Mais, il précise aussi que la disparition du Curé coïncide également avec une autre disparition, celle de la servante du Curé  !   

Malheureusement, l'histoire ne dit pas s'ils tous les deux au fond du trou ?